Regard sur les prémisses du modèle social des relations publiques

Comme à chaque session, dans le présent blogue, j’échange avec mes étudiants sur des contenus de nos cours et nos échanges sont ouverts au lecteur citoyen présent sur l’Internet. Mes étudiants sont invités à commenter un sujet que je leur propose et de prêter leur regard critique à un dialogue ouvert sur le domaine des relations publiques. Comme premier sujet, nous échangerons avec Matthieu Sauvé, auteur d’un ouvrage publié en 2010 et intitulé Les relations publiques autrement -Vers un nouveau modèle de pratique (2010).

Comme l’indique Matthieu Sauvé, le rythme de la production de la connaissance des relations publiques et la profusion d’outils de diffusion dont les médias sociaux sont des phénomènes marquants dans l’évolution du secteur des relations publiques. Dans le cours CRM 801 à l’UdeS à la session hiver 2016, nous avons amorcé nos travaux avec certaines approches théoriques proposées par M. Sauvé pour analyser la conception des relations publiques modernes et des concepts clés qui méritent une attention pour la pratique des relations publiques ou une organisation soucieuse de la qualité et de la gestion de ses relations avec ses différents publics. Ces éléments sont détaillés dans les chapitres deux et trois de l’ouvrage de Sauvé (2010) desquels, nous pouvons retenir plusieurs éléments clés comme cadre d’analyse des études de cas à venir dans nos prochains cours du CRM 801.

Si le domaine des relations publiques a franchi plusieurs étapes depuis le début du 20e siècle allant d’une approche initiale unidirectionnelle, au 21e siècle, la communication bidirectionnelle est omniprésente dans les organisations communicantes. Même si la communication unidirectionnelle est primée selon les contextes de communication comme dans les campagnes d’information-promotion ou lors de campagnes de communication contre le tabagisme, depuis quelques années, la communication bidirectionnelle est priorisée tant dans les relations publiques tout comme les relations publiques marketing et dans l’ensemble de l’industrie des communications.

Pour mes étudiants du CRM 801

Nous avons vu les principaux éléments constitutifs du concept de relations publiques dans les modèles managérial et social dont la nature des relations publiques est différente (figure 4.1 p. 75 Sauvé, 2010). Dans le modèle managérial, les relations publiques sont une fonction de gestion de l’organisation et dans le modèle social, les relations publiques sont une fonction de communication au service de l’ensemble des parties prenantes. Certains projets comme les oléoducs, les lignes de transport d’électricité, les infrastructures, etc, gagnent à considérer les relations publiques avec le modèle social compte tenu de l’importance des nombreuses parties prenantes.

Question

En vous référant à Sauvé 2010 et particulièrement de la figue 4.2 de la page 79 au sujet de la mise en présence des parties prenantes, parmi les prémisses proposées par l’auteur dans le chapitre 4, nommer puis commenter deux prémisses qui selon vous, devraient être priorisées au sujet projet Énergie Est qui retient l’attention depuis plusieurs mois ?

Le projet Oléoduc Énergie Est de la compagnie TransCanada consiste à construire un nouvel oléoduc qui transportera environ 1,1 million de barils de pétrole brut par jour, de l’Alberta et de la Saskatchewan, vers des raffineries situées au Québec et au Nouveau¬-Brunswick.

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Socionumérique et organismes publics, avenir prometteur

L’utilisation des nouveaux médias, toujours en croissance au Québec

Il est incontournable d’aborder la question des médias socionumériques dans une majorité cours de communication à l’université. Non seulement à cause du potentiel persuasif et dialogique de ces outils de générer de nouvelles formes de communication entre une organisation et ses différents publics, l’utilisation des nouveaux médias est toujours en croissance selon le Centre d’études sur les médias de l’Université Laval. La publication Comment les Québécois s’informent-ils ? présente les résultats de la quatrième enquête du Centre d’études portant sur les pratiques des Québécois en matière d’information. On peut y suivre l’évolution depuis 2007, année de la première enquête.

L’usage des médias socionumériques
par les organismes publics : le cas du Québec

Stéphanie Yates, professeure au département de communication sociale et publique de l’UQAM et Myriam Arbour, étudiante à la maîtrise à l’UQAM publient un article dans la Revue internationale Communication sociale et publique dans l’édition no 9 2013 intitulé L’usage des médias socionumériques par les organismes publics : le cas du Québec visant à faire le point de l’usage des médias socionumériques par des organisations publiques québécoises.

Les auteures de cet article scientifique se basent notamment sur les modèles de Grunig et al. (2002)[1] : agent de presse, promotion (information au public), bidirectionnel asymétrique et bidirectionnel symétrique et la théorie de la communication à double flux de Katz et Lazarfeld ( 1955) [2] qu’elles nomment à double étage dans leur article. Ces deux importantes références constituent des incontournables dans les cours et les séminaires académiques à l’université donc nos étudiants sont en mesure de bien circonscrire la réflexion proposée par Mmes Yates et Arbour. Ce qui est plus récent comme référence pertinente et bien illustrée dans l’article à la figure 2 est le modèle des niveaux d’engagement possibles sur les médias socionumériques inspiré de Chang et Kannan (2008)[3]. On y fait également référence à Coombs[4], un des auteurs dont je considère les travaux et les publications comme des incontournables pour réfléchir la communication des organisations.

J’incite vivement mes étudiants de la FLSH de l’Université de Sherbrooke et des facultés de la FEP et la Faculté des Arts et Sciences de l’Université de Montréal, à prendre connaissance de cet article des plus pertinents pour leurs travaux universitaires en communication et en relations publiques. Non seulement les deux auteures vulgarisent fort bien les théories susmentionnées, elles présentent une réflexion sérieuse, crédible et inspirante pour une planification structurée des objectifs communicationnels d’une présence sur les médias socionumériques pour une organisation.

Dans le résumé de leur article, les auteures affirment 

 l’usage de ces médias par les organismes publics en est encore à ses balbutiements. Si plus de la moitié d’entre eux sont présents sur ces plateformes, la communication unidirectionnelle demeure privilégiée et le caractère limité des interactions avec les citoyens tend à conforter la théorie de la communication à double étage, où les possibilités de dialogue demeurent rares. Divers facteurs laissent toutefois présager l’adoption d’approches plus novatrices à moyen terme.

Question pour mes étudiants du CPR 6001 de l’Université de Montréal

À la suite de la lecture de l’article L’usage des médias socionumériques par les organismes publics : le cas du Québec, et des notions vues en classe au sujet des médias socionumériques, quelles sont les avantages en matière de communication d’une présence sur les plateformes socionumériques pour des organismes publics. Au plaisir de lire vos commentaires.


[1] Grunig, J. E. (2009). «Paradigms of global public relations in age of digitalisation ». Prim, 6(2)

[2] Katz, E. & Lazarfeld, P. (1955). Personal Influence. New York, NY: Free Press.

[3] Chang, A.-M. et Kannan, P.K. (2008). Leveraging Web 2.0 in Governement. EGouvernment. (E-Gouvernement/Technology Series).

[4] Coombs, T. (2001). « Interpersonnel Communication and Public Relations ». Dans R. L. Heath (dir.), Handbook of Public Relations. Thousand Oaks: Sage.

Communication de crise et médias socionumériques

Une crise est un risque qui se manifeste 

Dans les derniers cours du CRM 801 Pratiques avancées en relations publiques à l’Université de Sherbrooke, nous avons vu différentes implications des médias traditionnels et des médias socionumériques dans la gestion de crise d’une organisation. D’après PR Strategy and application Managing Influence Combs et Halladay (2010), les médias définissent en partie les crises ce qui influence l’étude de la préparation et de la réponse de celles-ci en tenant compte de la couverture médiatique, mais aussi de la qualité des relations d’une organisation avec ses publics. Même si la prévention des crises peut être considérée comme une façon d’éviter une couverture médiatique négative, une crise peut générer une modification importante de la planification stratégique des communications d’une organisation.

Dans l’excellente référence en communication de crise The handbook of crisis communication de Combs et Halladay 2012, toute prévention de crise s’amorce par une planification stratégique des enjeux et des risques de  l’organisation incluant la communication, ce qui signifie que l’intégrité d’une organisation devient au centre de toute crise. En clair, une crise est un risque qui se manifeste! C’est pourquoi, le travail en amont, à l’étape de la gestion des risques voire de la mise à l’agenda dans certains cas de gestion de réputation permet d’anticiper les scénarios potentiels des risques, la façon de la gérer et de communiquer en fonction du contexte d’une éventuelle crise.

 Investir dans les médias socionumériques

Depuis quelques années déjà, les usages récents des médias socionumériques offrent plusieurs exemples permettant d’étudier le rôle incontournable des plateformes socionumériques en situation de crise. Bien entendu, les médias traditionnels demeurent toujours des incontournables et ils agissent souvent comme des amplificateurs d’information en situation de crise. Cependant le fait que les médias de masse soient sélectifs des nouvelles qu’ils diffusent pour répondre aux attentes de leurs auditoires ou lectorat, ils utilisent les plateformes socionumériques comme source d’information en situation de crise en tenant compte de l’importance de l’événement et de la proximité de leurs auditoires. Pour les individus vivant une crise, il en va autrement, ils doivent en plus de disposer d’information pertinente, prendre des décisions de différents niveaux d’importance jusqu’à un retour à une situation normale. C’est de ce principe que les organisations gagnent à s’investir dans les médias socionumériques pour accompagner leurs publics à toutes les étapes d’une crise.

Signes avant-coureurs = proaction

Les médias socionumériques sont devenus incontournables dans la planification des communications de crise  des organisations. Les événements pour en tirer des leçons sont malheureusement nombreux et suffisamment documentés pour en étudier les processus de communication dans le but d’optimiser un plan de gestion de crise : l’ouragan Sandy en 2012 pendant laquelle la FEMA a joué un rôle clé dans la gestion des communications, le séisme à Haïti en 2010 qui a fait ressortir la rapidité des médias socionumériques davantage que les médias traditionnels pour alerter et mobiliser les ressources clés pour gérer le sinistre. Plus près de nous, au Québec, le terrible accident ferroviaire de Lac-Mégantic en juillet 2013 d’où il semble évident que les signes avant-coureurs d’accident n’ont pas été communiqués proactivement ce qui aurait permis d’alerter plus tôt la population de ce danger. Guylaine Maltais et Cedric Moro ont d’ailleurs publié une analyse initiale de l’utilisation des MSGU quelques jours suivant la catastrophe de Lac-Mégantic. En somme, l’utilisation des médias socionumériques est devenue un incontournable pour la gestion de crise. Encore ces jours-ci, on a peine à imaginer les effets au passage du typhon Haiyan qui a balayé les Philippines dans la fin de semaine du 8 novembre 2013 et fait plus de 10 000 victimes. D’ailleurs au moment d’écrire ce blogue, le typhon se dirigeait vers le Viêtnam où des centaines de milliers de personnes ont été évacuées vers des sites éloignés des zones dangereuses. Les organismes d’aide pour ne nommer que ceux-ci utilisent abondamment les médias socionumériques pour maximiser leurs opérations d’aide aux sinistrés en Asie.

Viser une communication dialogique

Cependant, si les médias socionumériques jouent un rôle clé d’alerte et d’interactions entre les individus impliqués dans une crise, il demeure une chose évidente, il est essentiel que les organisations systématisent leur présence dans ces plateformes puisqu’elles ont la capacité non seulement d’informer, mais aussi d’envisager dans la mesure du possible une communication dialogique entre l’organisation et ses publics. Par conséquent, les organisations doivent s’intéresser à cette approche bidirectionnelle symétrique en situation normale de leurs opérations et non pendant une crise.

Niveaux d’engagement

Planifaction et Goudreau Communication deux firmes spécialisées en communication d’urgence au Québec, mettent de l’avant, avec raison, l’importance d’intégrer les médias socionumériques dans les mesures d’urgence des organisations. Un point marquant des ateliers offerts par (Guylaine Maltais et Judith Goudreau) repose entre autres, sur la sensibilisation que les organisations devraient accorder à la crédibilité et à la confiance que leur accorderont leurs publics. Cela se joue par la qualité de leur présence et de leur niveau d’engagement dans les médias socionumériques. Les trois niveaux à considérer :

  1. Passif : pour observer et obtenir de l’information
  2. Actif : pour répondre aux inexactitudes et aux questions
  3. Engagé : passif et actif et prise en charge des diverses plateformes socionumériques

Question pour mes étudiants du CRM 801 

En tenant compte des attentes croissantes impliquant les médias socionumériques dans la gestion des crises et en vous référant aux chapitres 11 Risk Communication et 12 Crisis Communication de Combs et Halladay (2010 quels éléments vous apparaissent essentiels pour qu’une organisation effectue un véritable virage afin de favoriser une communication dialogique impliquant des plateformes ou médias socionumériques en situation de crise.

Utiliser un exemple au besoin et ajouter toute référence en ligne que vous jugez crédible pour permettre à notre groupe cours de disposer de sources sérieuses pour leurs travaux académiques ou professionnels.

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